"La situazione sta peggiorando. Gridate con noi che i diritti umani sono calpestati da persone che parlano in nome di Dio ma che non sanno nulla di Lui che è Amore, mentre loro agiscono spinti dal rancore e dall'odio.
Gridate: Oh! Signore, abbi misericordia dell'Uomo."

Mons. Shleimun Warduni
Baghdad, 19 luglio 2014

3 novembre 2010

"La valise ou le cercueil", l'impossible choix des chrétiens d'Irak


Par Sarah Leduc (texte)
France 2 (vidéo)
Des ruisseaux de sang sur le sol, des statues et des bancs renversés, des morceaux de corps sur les murs... C'est tout ce qu’il reste de l’église syriaque catholique de Bagdad Saiydat ("Notre-Dame du Perpétuel Secours"), qui a été attaquée dimanche par un commando se réclamant de l'État islamique d'Irak, un groupe armé affilié à Al-Qaïda. En pleine messe, les insurgés ont pénétré dans l’église située dans le quartier de L'église catholique syriaque.
L'Église syriaque est l'une des églises catholiques orientales rattachées à Rome dont le chef, le Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, est établi à Beyrouth, au Liban. Le berceau historique des syriaques se trouve entre la Turquie, la Syrie, le Liban, l’Irak, la Jordanie, la Palestine, et l’Égypte. La langue liturgique est le syriaque mais la lecture des textes se fait en langue locale. Les fidèles de l'Église syriaque constituent une minorité des chrétiens d’Irak, soit une dizaine de milliers de fidèles, selon l’historien Odon Vallet. Karrada, dans le centre de Bagdad, avant de prendre en otage les trois prêtres et la cinquantaine de personnes qui assistaient à l'office. Cinquante-deux policiers et fidèles ont péri dans l’assaut lancé par la police irakienne - aidée des forces américaines - pour libérer les otages. Plus de soixante blessés sont également à déplorer. "L’église est saccagée, il n’y a plus rien debout, plus rien n’est à sa place. C’est l’apocalypse… On ne peut imaginer cela une seule seconde", décrit à France24.com Pascale Warda, ministre et actuelle porte-parole de l’organisation des droits de l’homme Hammurabi à Bagdad. Celle-ci s’est rendue sur les lieux du drame dès les premières heures du jour, ce lundi. Les corps viennent d'être retirés, les blessés ont été transportés à l'hôpital. Mais les traces de l'horreur sont toujours là. Chrétienne chaldéenne, Pascale Warda assiste habituellement à la messe dominicale de l’église Bagdad Saiydat. Mais par miracle, hier, elle ne s’y trouvait pas. D’après ce que les forces de l’ordre sur place lui ont confié, deux des trois prêtres présents dans l'église ont été assassinés, dont l’un d’une balle dans la tête. Le troisième serait actuellement dans le coma. "Le sang du prêtre a été versé sur le sol de l'église, c’est une image sauvage, inouïe, poursuit-elle. Il y a des morceaux de corps humain accrochés sur les étoiles qui ornent le plafond de l’église." Face à l’horreur, les mots lui manquent.
Une insécurité endémique
Selon Pascale Warda, la situation des chrétiens d’Irak s’était légèrement améliorée depuis un an. "Les gens revenaient à la messe, des églises rouvraient, les cours de catéchisme se multipliaient", raconte-t-elle. Cependant, ceux-ci continuent de faire face à une violence endémique. Al-Qaïda en Irak a affirmé notamment que les chrétiens étaient désormais des "cibles légitimes" après l'expiration de son ultimatum à l'église copte d'Egypte pour libérer deux femmes. En revendiquant l'attaque d'une église à Bagdad dimanche, l'Etat islamique d'Irak (ISI) avait donné un ultimatum de 48 heures à l'Eglise copte d'Egypte pour libérer deux chrétiennes converties à l'islam et "emprisonnées dans des monastères" de ce pays selon lui. La menace risque d'accélerer la fuite des chrétiens d'Irak, latente depuis le début de l'invasion américaine. Et pour cause: assassinats de prêtres et attentats contre les églises se succèdent. Le 13 mars dernier par exemple, l'archevêque chaldéen de Mossoul était retrouvé mort, deux semaines après son enlèvement. Le phénomène n’est pas nouveau, explique pourtant Odon Vallet, historien des religions. Selon lui, les violences contre les chrétiens d'Irak remontent aux années 1920. "Depuis, des dizaines de milliers d'entre eux ont été persécutés avant d'être relativement protégés sous la dictature de Saddam Hussein, dont le vice-Premier ministre Tarek Aziz [aujourd'hui condamné à mort, NDLR] était chrétien. Mais avec les deux guerres du Golfe, les persécutions ont repris de plus belle", explique l’historien. Lors du synode consacré aux chrétiens d’Orient organisé à la mi-octobre au Vatican, le cas des communautés chrétiennes d’Irak a d’ailleurs été soulevé. Un prélat irakien a invité la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement de son pays pour protéger les chrétiens d'un éventuel massacre.
"Les chrétiens d’Irak ont le choix entre la valise et le cercueil"
L’insécurité permanente qui règne en Irak pousse un nombre croissant d'entre eux à prendre le chemin de l’exil. Selon Odon Vallet, le nombre de chrétiens a été divisé par deux ces 20 dernières années dans le pays. Il n'en resterait aujourd’hui plus que 500 000 environ. "Les chrétiens d’Irak ont le choix entre la valise et le cercueil. Soit ils restent et risquent de se faire assassiner, soit ils partent, généralement vers les États-Unis et l’Europe. On s'oriente lentement vers la disparition de l'une des plus vieilles communautés chrétiennes du monde", déplore l’historien. Pour mettre fin à l’hémorragie et assurer la sécurité de ceux qui restent, Pascale Warda appelle le gouvernement irakien à prendre des mesures efficaces et "sérieuses". "La protection des églises et des écoles catholiques privées est aujourd’hui symbolique", s’offusque-t-elle. "Les quelques gardes chargés de nous protéger sont mal payés. Ils n’ont pas conscience de la menace. Du coup, un commando entier d’hommes armés, en uniforme, peut prendre une église en otage! Il faut que des mesures exceptionnelles soient prises."
En dépit des risques encourus par sa communauté, Pascale Warda ne compte pas cesser d’aller prier dans les églises de Bagdad, de même qu’elle n’entend pas quitter son pays. "Nous avons toujours été contraints de relever des défis. Dimanche, je devais me trouver dans l’église Notre-Dame du Salut. Comme s'il s'agissait d'un signe, ma voiture est tombée en panne... Mais cela ne m’empêchera pas d'y retourner prier."
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