"La situazione sta peggiorando. Gridate con noi che i diritti umani sono calpestati da persone che parlano in nome di Dio ma che non sanno nulla di Lui che è Amore, mentre loro agiscono spinti dal rancore e dall'odio.
Gridate: Oh! Signore, abbi misericordia dell'Uomo."

Mons. Shleimun Warduni
Baghdad, 19 luglio 2014

22 ottobre 2010

Les chrétiens du Moyen-Orient en « océan musulman »

By La Croix, 21/10/2010

by Bruno Bouvet

La coexistence des communautés chrétiennes et musulmanes, dans un climat marqué par la montée du fondamentalisme islamiste, a été au centre des échanges du Synode sur le Moyen-Orient


«Nous vivons dans un océan musulman » : ces jours-ci, dans les couloirs du Synode des évêques pour le Moyen-Orient, la métaphore géographique et maritime est de mise lorsque les évêques évoquent leurs relations avec l’islam. Océan plus ou moins tourmenté par les tensions politiques, voire les conflits armés, comme en Irak depuis 2003, où la cohésion est gravement mise à mal par les attentats dont sont victimes les chrétiens, entre autres.
Archevêque latin de Bagdad, Mgr Jean Benjamin Sleiman prolonge la métaphore. En Irak, la présence chrétienne forme des « îlots », dit-il avec le double souci d’éviter la dramatisation autant que l’angélisme. « Oui, il existe de nobles expériences de fraternité avec les musulmans, car beaucoup d’entre eux sont habités par un esprit de paix. Mais le problème, c’est que l’islam est la culture dominante. »
Voilà qui définit les contours – et les limites – du dialogue islamo-chrétien, lequel est souvent strictement inscrit dans le cadre des statuts réservés aux minorités.

«L’islam ne veut rien dire : il n’y a que des musulmans»

Mais de quel dialogue parle-t-on en réalité ? Mgr Sleiman se réfère à l’encyclique Ecclesiam suam de Paul VI, soulignant que « dialoguer, c’est aimer ». Il invite les uns et les autres « à ne pas pratiquer le double langage qui consiste à proclamer que nous sommes tous frères alors que nous considérons les musulmans comme des ennemis ». Et réciproquement, sans doute.
Dans cet esprit, bien des évêques en terre musulmane tiennent à rappeler que le dialogue théologique est impossible. Ils soulignent que la véritable rencontre entre les deux religions ne peut se faire qu’à hauteur d’hommes, en dépit des tensions dues au climat politique local. La distinction entre l’islam politique et l’islam « de la vie » est capitale à leurs yeux.
« L’islam, pour moi, cela ne veut rien dire. Il n’y a que des musulmans », insiste Mgr Vincent Landel, évêque français de Rabat, au Maroc, à l’unisson de beaucoup de ses confrères. Là encore, l’évêque circonscrit la rencontre éventuelle entre musulmans et chrétiens dans l’espace légal de la société marocaine, qui tolère les autres religions et leur laisse la liberté de culte.

«L’homme est l’ennemi de ce qu’il ignore»

« Les chrétiens, au Maroc, sont considérés comme des étrangers. Pas comme des citoyens, contrairement à ce qui se passe dans la grande majorité des pays du Moyen-Orient. Chez nous, un concept comme la laïcité positive est une vue de l’esprit », prévient-il. « Attention à ne pas appliquer nos idées occidentales à la civilisation arabe », affirme-t-il, en référence aux expulsions récentes d’évangéliques, accusés de prosélytisme.
Pour Mgr Landel, chrétiens et musulmans peuvent néanmoins travailler ensemble au développement de la société marocaine. Il juge d’ailleurs que la simple présence chrétienne est un témoignage indispensable d’ouverture à l’endroit d’un modèle musulman qui se voudrait parfois unique.
Mgr Samir Nassar, archevêque de Damas des maronites (Syrie), parle à ce sujet d’un enrichissement mutuel, citant l’exemple de « nombreuses initiatives pacifiques » qui ont germé dernièrement, notamment à l’occasion de l’Année Saint-Paul. Tournois sportifs, concerts et pièces de théâtre joués en commun ont confirmé, selon lui, que « l’homme est l’ennemi de ce qu’il ignore ».

«La majorité des musulmans est tolérante»

Mais, alors, d’où proviennent les tensions ? Mgr Nassar tourne son regard vers l’Occident, auquel il est souvent reproché de véhiculer une vision faussée de la religion. « Il faut éviter de provoquer l’islam par des gestes nuisibles comme les caricatures danoises ou l’appel à brûler le Coran », insiste-t-il.
Ces facteurs externes sont aussi invoqués par Mgr Youhanna Golta, évêque auxiliaire copte-catholique d’Alexandrie (Égypte), pour expliquer les difficultés qui peuvent surgir entre les communautés dans un pays dont il rappelle la longue tradition pacifique.
« Le climat ne se détériore qu’en cas de crise économique. On va chercher de l’argent chez les plus faibles, on détruit les églises », explique-il en faisant allusion aux attaques dont est victime la communauté copte en Égypte. À ce propos, Mgr Golta estime que « le terrorisme veut vider l’Orient de la présence des chrétiens, mais la majorité des musulmans est tolérante et se montre opposée à cet exode ».

«Pourquoi n’arriverions-nous pas à vivre ensemble ?»

Assez logiquement, le maintien de la présence chrétienne en Orient a de ce fait dominé tous les échanges des pères synodaux. « Ils ne parlent que de cela », a résumé au cours d'une conférence de presse le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, qui assiste à l’ensemble du Synode.
Dans le regard de Mgr Emil Nona, archevêque de Mossoul des chaldéens (Irak), on lit que cette question n’a rien de théorique. Malgré la dégradation des relations, nées du surgissement du fondamentalisme islamiste, il veut croire encore à l’avenir des chrétiens dans son pays.
« La situation actuelle et le souvenir de nos morts me causent une grande douleur. Nous ne savons pas ce qui va arriver en raison d’une grande instabilité politique. Mais pourquoi n’arriverions-nous pas à vivre ensemble ? », s’interroge-t-il, avant d’espérer que le Synode livrera samedi, dans ses conclusions, «une parole forte sur la situation des chrétiens en Orient ».