By Famille Chrétienne
Hugues Lefèvre
Hugues Lefèvre
Lundi 24 juillet, le cardinal Barbarin s’est rendu dans la plus
grande ville chrétienne de la plaine de Ninive pour y concélébrer la
messe aux côtés de Mgr Petros Mouché, archevêque syriaque catholique de
Mossoul et de Qaraqosh. Il a pu constater que des moyens étaient mis en
œuvre pour que la ville se reconstruise après avoir été occupée durant
trois ans par Daech. Ce mardi, le cardinal se rend à Mossoul.
Devant la cathédrale de Qaraqosh, une petite centaine de chrétiens
attend le cardinal Philippe Barbarin sous une chaleur dépassant les 40°C
à l’ombre. Quelques femmes et enfants ont revêtu des habits
traditionnels, comme pour célébrer un jour de fête. Alors qu’ils
aperçoivent les soutanes noires des prélats et des prêtres au loin, les
youyous des femmes jaillissent et viennent se mêler aux applaudissements
des hommes. La joie de revoir l’archevêque de Lyon est palpable. La dernière fois que le cardinal était entré ici,
c’était une semaine avant que Daech n’envahisse la ville et plonge les
chrétiens d’Irak dans le chaos. C’était il y a trois ans, presque jour
pour jour. C’est dire si le retour de la pourpre cardinalice avait comme
un goût de printemps, de renouveau après un terrible hiver.
Parvenant à se frayer un chemin jusqu’au porche de la cathédrale, les
deux archevêques accompagnés par Mgr Marc Stenger, président de Pax
Christi France et Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry, embrassent le sol de
la cathédrale dont les murs et les voutes sont encore entièrement
calcinés. Les chants syriaques envahissent l’édifice. Devant la joie
débordante d’un vieux monsieur accueillant le cardinal les mains levées,
ce dernier n’hésite pas à esquisser avec lui quelques pas de danse. Des
larmes coulent sur le visage de certaines femmes, pendant une messe
émouvante.
Si, en ce lundi, la cathédrale n’est pas bondée comme
il y a trois ans, on peut compter plusieurs dizaines de familles
présentes. Au fond, une dizaine d’enfants court dans tous les sens, à
tel point que des hommes en armes leur demandent – gentiment – de se
calmer. Ces hommes forment les Ninive Protection Units (NPU), la milice
chrétienne qui assure la sécurité de la ville avec la police. En tout,
ce sont plus d’un millier d’hommes qui effectueraient cette tâche.
Après
la célébration, le cardinal se recueille quelques minutes, seul, au
premier rang de la cathédrale. Face à lui, le chœur entièrement noirci
par la folie de Daech. A côté, sur le sol, gît une douille.
370 familles d'ores et déjà réinstallées
L’archevêque
de Lyon est ensuite convié, avec toute la délégation, à se rendre à
l’archevêché syriaque catholique de la ville pour y déjeuner. Dans les
rues de Qaraqosh, on aperçoit alors des commerces, des épiceries, un
cordonnier. Autant d’activités qui n’existaient pas il y a encore
quelques mois. « Quand les déplacés ont compris que la ville avait
été vandalisée à la fin du mois d’octobre 2016, il y a eu un vrai temps
de sidération », explique Pauline Bouchayer, en mission Fidesco à Erbil avec son mari depuis un an. « Ce n’est qu’après les fêtes de Pâques que le choses ont vraiment évolué »,
poursuit-elle. Aujourd’hui, 370 familles se seraient d’ores et déjà
réinstallées dans la ville. Le mouvement est amorcé. Certains estiment
que ce chiffre doublera d’ici à la rentrée de septembre, lorsque l’année
scolaire redémarrera.
Non loin de l’archevêché, d’immenses
travaux de rénovation se poursuivent au centre culturel Saint-Paul, un
centre financé par la fondation saint Iréné du diocèse de Lyon. C’est
dans ce centre que se pilote le grand projet de reconstruction de
Qaraqosh. C’est d’ailleurs ici que le père Georges Jahola a installé son bureau et poursuit son travail de fourmi.
Après
avoir visité le centre culturel, la délégation rend enfin visite à Saat
et son fils, deux ferronniers dont le carnet de commandes ne désemplit
pas. Portes, fenêtres, portails, leur atelier fonctionne bien. C’est
grâce au soutien de Fraternité en Irak et de la fondation Saint Irénée
qu’ils ont pu rouvrir leur commerce.
Voulant profiter de la présence du cardinal pour remercier l’ensemble
des acteurs qui leur ont permis de les relancer, Saat et son fils
offrent à l’archevêque une belle croix dorée d’une quarantaine de
centimètres qu’ils ont eux-mêmes conçu.
En fin d’après-midi, la
délégation repart en direction d’Erbil, à l’est de la plaine de Ninive.
Mardi matin, avec Sa Béatitude Raphaël Sako, le cardinal Barbarin se
rendra à Mossoul pour y apporter une statue de Notre-Dame de
Fourvière.