By La Croix
by Anne-Bénédicte Hoffner
S. B. Louis Raphaël Ier Sako, nouveau patriarche des chaldéens élu le 1er
février à Rome, est installé mercredi 6 mars à Bagdad, dans la cathédrale Saint-Joseph.
Ce fervent défenseur du dialogue espère
poursuivre, à l’échelle internationale, le travail entamé dans son
ancien diocèse de Kirkouk.
Quelle sera votre priorité comme patriarche des chaldéens ?
S. B. Louis Raphaël I er Sako : Sur le plan pratique, il me faut d’abord réorganiser la curie patriarcale à Bagdad, car mon prédécesseur vivait seul et faisait tout. Ce sera l’occasion d’embaucher des jeunes chrétiens qui cherchent du travail, et j’ai déjà commencé ! Il faut également trouver des évêques à la hauteur pour les sièges vacants : nous les choisirons le 5 juin, au cours d’un synode qui se tiendra à Bagdad et auquel j’ai demandé à tous les évêques de venir, même ceux de la diaspora.
S. B. Louis Raphaël I er Sako : Sur le plan pratique, il me faut d’abord réorganiser la curie patriarcale à Bagdad, car mon prédécesseur vivait seul et faisait tout. Ce sera l’occasion d’embaucher des jeunes chrétiens qui cherchent du travail, et j’ai déjà commencé ! Il faut également trouver des évêques à la hauteur pour les sièges vacants : nous les choisirons le 5 juin, au cours d’un synode qui se tiendra à Bagdad et auquel j’ai demandé à tous les évêques de venir, même ceux de la diaspora.
Et
puis, il y a tous les autres chantiers, comme la réforme liturgique qui
n’a encore jamais eu lieu dans notre Église : nous célébrons la messe
selon un missel ancien et chaque diocèse a son missel. Nous devons
mettre à jour notre liturgie,
afin qu’elle parle à l’homme d’aujourd’hui, qu’elle lui donne un sens
et beaucoup d’espérance. Notre clergé se lamente parce que les jeunes
vont ailleurs, vers d’autres Églises chrétiennes. C’est évident, ils
veulent comprendre, vivre et s’engager ! Je n’oublie pas la réforme de
la formation des séminaristes et des religieux et religieuses. Notre
avenir dépend beaucoup de la bonne qualité de notre clergé !
Il
nous faut aussi trouver une nouvelle pastorale adaptée à nos temps,
revoir la discipline… Bien sûr, je ne dois pas rêver, mais il faut
commencer. Je n’ai pas beaucoup de temps, je dois mettre les choses sur
le bon chemin.
Pourquoi le choix de vos frères évêques s’est-il porté sur vous, alors que désormais une majorité des chaldéens vivent en exil ?
Les fidèles ont beaucoup prié, y compris des musulmans. Le premier jour, lors des votes au sein du synode des
évêques à Rome, les voix montaient et descendaient. Mais l’après-midi
du deuxième jour, les voix se sont portées sur moi. Un de nos évêques a
dit : « C’est un appel. » Je me suis alors retourné vers eux et je leur ai dit : « Si vous êtes prêts à travailler avec moi, en équipe, et à m’aider, j’accepte. Sinon, choisissez quelqu’un d’autre ! »
Je
crois que nos évêques sont conscients de la gravité de la situation en
Irak. Ils savent que si notre Église est forte en Irak, elle le sera
aussi en diaspora. Ils attendent une Église bien organisée, réformée
selon une ligne orientale authentique, et très active sur le plan
œcuménique. C’est pour cela que j’ai choisi comme devise pour mon
patriarcat : « Authenticité, unité et renouveau. »
Quel est l’état de la communauté en Irak ?
L’émigration
menace notre existence millénaire sur place. Il faut négocier avec le
gouvernement central et le gouvernement du Kurdistan pour encourager les
chrétiens à rester, en leur créant des conditions d’une vie digne et
sûre, mais aussi encourager ceux qui sont dans les pays voisins à
revenir. S’il y a la sécurité et la liberté, ils restent. Sinon, ils
partent. Je suis encouragé par les réactions de nos fidèles et des
musulmans. Je connais les défis mais en même temps je suis confiant !
Pourrez-vous
poursuivre à Bagdad, et donc à l’échelle du pays, le travail entamé à
Kirkouk en faveur d’un dialogue entre toutes les composantes de la
société irakienne (ethniques comme religieuses) ?
En général,
les Irakiens sont ouverts et modérés. Cette culture de violence
interconfessionnelle vient plutôt de l’extérieur. Avec les musulmans, il
faut continuer le dialogue et renforcer la confiance. Il faut les
aimer, les aider à lire leur religion d’une manière nouvelle, pas à la
lettre. Une exégèse est nécessaire, mais aussi pour nous, chrétiens du
Moyen-Orient !
Il nous faut sortir de l’apologétique et de la
polémique pour présenter notre foi dans un vocabulaire simple et clair,
un langage théologique compréhensible. Je pense que le dialogue
courageux et sincère, dans un langage compréhensible et désintéressé,
est possible. Mon expérience au sein du diocèse de Kirkouk, les nombreux
contacts et amitiés noués, m’ont appris beaucoup. J’essaierai sans être
présomptueux !