By La Croix
Samuel Lieven
Samuel Lieven
« Nous voulons que les chrétiens restent en Orient mais, en même
temps, nous ne pouvons pas les exposer à des menaces qui pourraient leur
faire perdre la vie » : voilà ce qu’a déclaré le président de la
République François Hollande, samedi 21 mars, lors d’une réception dans
le jardin du ministère de l’Intérieur, en présence d’une centaine de
chrétiens d’Irak venus du Val d’Oise. Il était l’invité surprise de
cette réception dont le but, à la veille des élections départementales
et à moins d’une semaine de la réunion du conseil de sécurité de l’ONU
sur les chrétiens d’Orient (prévue endredi 27 mars), était de marquer
solennellement le soutien de la France aux chrétiens persécutés par
Daech en Irak et en Syrie.
Un millier de bénéficiaires déjà en France
« Vous
serez en France pleinement accueillis, aimés, vous serez chez vous,
même si chez vous c’est loin et que vous aurez un jour à y retourner », a
improvisé François Hollande, après l’annonce par les services du
ministère de l’intérieur de l’octroi de 1500 visas depuis le lancement
de la procédure d’accueil des réfugiés irakiens en France, le 28 juillet
dernier. Un millier de bénéficiaires sont déjà arrivés dans notre pays,
essentiellement répartis entre la région parisienne, Lyon et Nantes.
« Nul
ne peut aujourd’hui demeurer insensible au sort tragique des chrétiens
d’Orient », a alors ajouté le ministre de l’intérieure Bernard Cazeneuve
dans une allocution traduite simultanément en arabe. Sur la centaine de
chrétiens d’Irak présents samedi au ministère, une petite moitié était
arrivée l’été dernier après avoir été chassée de la plaine de Ninive par
les terroristes de Daech. Les autres personnes présentes samedi au
ministère sont installés en France de longue date. « Les chrétiens
sont parmi les premières victimes du projet criminel d'épuration
religieuse que Daech cherche à imposer à l'ensemble des territoires
qu'il contrôle », a ajouté le ministe en rappelant que 90% des
chrétiens d’Irak avaient quitté le pays entre 2003 et 2014, et que plus
de 300 000 avaient fui la Syrie de 2011 à 2014.
"Il faudra plus qu'une prière..."
Après
avoir écouté durant quelques minutes les chants de la chorale
chaldéenne Saint Thomas-Apôtre de Sarcelles, François Hollande s’est
prêté à un petit bain de foule. « Je prie pour votre réussite contre
Daech », lui lance Pierre Palay, installé à Sarcelles depuis les années
1980.
« Il faudra plus qu’une prière… », concède le président.
« Alors je prie et vous agissez », lui retourne son interlocuteur, se
faisant ainsi le porte-parole de bien des membres de la communauté
chaldéenne, avant tout soucieux de voir disparaître la menace terroriste
au Proche-Orient.
« Il faut d’abord faire en sorte que ces
chrétiens puissent retourner chez eux en sécurité », souligne Mgr Pascal
Gollnisch, le directeur de l’œuvre d’Orient, convié à la réception au
côté de l’évêque de Pontoise, Mgr Stanislas Lalanne. « Cela implique la
neutralisation de Daech. Or, au bout de huit mois de frappes aériennes,
les résultats ne sont pas suffisants ».
Par la voix de son
observateur à Genève auprès des Nations Unies, Mgr Silvano Tomasi, le
Saint-Siège a apporté un soutien inhabituel au recours à la force en
Irak et Syrie contre les atrocités commises par Daech, qu’il accuse de
« génocide ».