By Zenit
04/02/2013
« Renouveau, authenticité, unité » : c’est la devise patriarcale de
Mgr Louis Sako, nouveau patriarche de Babylone des Chaldéens. Il en explique le sens et exprime son engagement pour le dialogue, sur Baghdadhope.
Renouveau, authenticité et unité
Par « authenticité », le patriarche entend la « nécessité d’être vrai
et sincère à l’égard de soi et des autres, d’être clair et de parler
sans crainte ». Il s’agit aussi « d’être libre d’exprimer son opinion
même si elle est contraire à celle de son interlocuteur », en utilisant
cependant « la délicatesse et le tact nécessaire afin que la critique
devienne constructive ».
« L'unité », ajoute-t-il, « doit être poursuivie au niveau personnel,
ecclésiastique, œcuménique et interreligieux ». Mgr Sako insiste sur la
nécessité du « dialogue », qui est « l’unique chemin à opposer à la
violence » et l’unique chemin « d’avenir pour nous ».
Enfin, le « renouveau » implique « beaucoup d’engagement »,
estime-t-il : il préconise une attention spéciale à la formation
« qualitative » du clergé, comme « inspirateur et porteur de dialogue,
dans l’Eglise et à l’extérieur », mais aussi une attention « à la figure
du laïc dans l’Eglise, qui est partenaire et doit devenir toujours plus
partie intégrante des conseils pastoraux et diocésains ».
Mgr Sako souhaite par conséquent que « les barrières tombent entre
clergé et laïcs » et que soit effacée « toute trace de cléricalisme lié à
des traditions respectables mais anciennes ».
Dans l’esprit de sa devise, le patriarche désire être « simple et
direct », et non pas « élever des barrières ». Même sa tenue
vestimentaire sera simple : Mgr Sako ne portera par le "Shash",
couvre-chef typique du clergé chaldéen.
Pour un langage de grâce et de joie
Le patriarche appelle son Eglise à « arrêter de vivre dans le
passé » et à « incarner son message dans les temps présents et dans
l’homme d’aujourd’hui ».
Il cite saint Jean Chrysostome : « la Liturgie est pour l'homme et
non l'homme pour la liturgie ». Concrètement, précise-t-il, si l’Eglise
chaldéenne a « une ligne pastorale et spirituelle de nature orientale »,
elle doit cependant « s’adapter aux temps modernes avec un langage plus
direct, qui n’oublie pas notre tradition « d’Eglise des martyrs » mais
qui parle aussi aux fidèles de grâce et de joie, de salut et
d’espérance ».
Mgr Sako se prononce en ce sens « en faveur de l’utilisation de la
langue arabe dans le domaine liturgique », ce pour « parvenir plus
directement aux fidèles » : il souligne la « nécessité d’être proche des
gens, non seulement en utilisant un langage simple, en mesure d’être
compris » mais aussi « en utilisant la langue du lieu, qui peut être
l'arabe mais aussi le kurde ou le persan ».
En revanche, il se déclare attaché aux traditions, donnant l’exemple
de la "Croix Glorieuse", qui orne de nombreuses églises chaldéennes :
cette croix ne porte pas le Christ, mais est ornée, sur chacun des
quatre segments, de « trois cercles qui représentent la Trinité », leur
ensemble symbolisant « les douze apôtres », les quatre cercles à
l’intersection des segments représentant les Évangélistes et le cercle
central « le Christ, commencement et fin de tout ».
Le dialogue entre chaldéens et assyriens
Le patriarche confie également son souci du dialogue entre les
églises chaldéennes et assyriennes : Mar Dinkha IV, patriarche de
l’Eglise assyrienne de l'Est, a été l’un des premiers à le féliciter
pour son élection, se réjouit-il.
En remerciant Mar Dinkha IV, Mgr Sako s’est défini comme son « Petit
frère » : « parmi mes désirs depuis l’élection, j’ai celui de lui rendre
visite à Chicago, siège de son patriarcat. Malheureusement les
engagements urgents ici à Rome et en Iraq ne permettent pas de réaliser
ce désir tout de suite », regrette-t-il.
Mgr Sako évoque à ce sujet le courant qui s’est développé récemment,
sur l’affirmation que les chaldéens sont « différents des fidèles des
autres Eglises en Irak, non seulement du point de vue religieux mais
aussi ethnique ».
Pour le patriarche, « c’est un argument qui devrait être étudié de
manière approfondie sur des bases historiques, scientifiques et
linguistiques », même si « établir si les ancêtres de chaque irakien
chrétien viennent de Babylone ou de Ninive n’est pas chose facile ».
Il invite chaldéens et assyriens à ne pas tomber « dans le piège du
nationalisme aveugle » : « nationalisme et fondamentalisme, quelles que
soient leurs origines, sont des obstacles sur le chemin du développement
et de la paix ».
« Notre Eglise est à la fois locale et universelle et des termes
comme 'Chaldéen' ou 'Assyrien' sont hérités du colonialisme qui visait à
diviser une communauté avec des origines communes », conclut-il.
Le patriarche souligne par ailleurs que le prochain synode abordera
la question de la création d’un diocèse pour « les dizaines de milliers
de fidèles qui vivent en Europe ».