By La Croix
Malo Tresca
14/09/2017
Sa Béatitude Louis
Raphaël Sako, patriarche de Babylone des chaldéens, a rendu visite fin
août aux fidèles de San Diego aux États-Unis. De son côté, le patriarche
copte-orthodoxe Tawadros II saluait l’expansion de sa communauté au
Japon et en Australie.
Ces déplacements posent la question de la nature du lien, parfois épineux, qui relie les représentants des Églises orientales avec les chrétiens de la diaspora.
Ils ont trouvé refuge pour trois ou cinq ans ou plus aux États-Unis, en Europe ou encore en Australie. L’émigration des chrétiens du Moyen-Orient, déjà ancienne, s’est encore accélérée ces dernières années en raison des violences qui ensanglantent la région.
Leur départ pousse les patriarches de leurs Églises à multiplier les voyages au chevet de ces diasporas, et à envisager une nouvelle manière d’accompagner leur Église en dehors de son berceau historique. D’autant que pour faciliter leur obtention d’un visa, nombre de leurs fidèles ont fait jouer le « regroupement familial » et ont donc rejoint des communautés installées de plus ou moins longue date sur plusieurs continents.
En septembre, le patriarche copte-orthodoxe Tawadros a inauguré une église au Japon, puis un monastère de religieuses en Australie. De son côté, le patriarche des chaldéens, Louis Raphaël Sako, s’est employé à resserrer les liens avec ses fidèles, désormais californiens, à San Diego (États-Unis).
« Ils ont d’une part le souci de les encourager à valoriser leur identité – sans créer de ghettos communautaires –, à garder une vie paroissiale centrée sur les traditions d’origine, mais aussi à entretenir des liens avec les communautés restées dans les terres mères », explique Christian Cannuyer, professeur à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lille, et directeur de l’association « Solidarité Orient »en Belgique.
« Au-delà, il y a bien sûr une volonté, chez les patriarches, d’inciter les chrétiens au retour, même si ceux qui le font sont rares et que plus l’exil se prolonge, plus cette volonté s’étiole ».A l’occasion d’un voyage « éclair » au Japon fin août, le pape copte-orthodoxe Tawadros II a inauguré, à Kyoto, une église pour « répondre aux besoins pastoraux du nombre croissant de croyants orthodoxes en provenance de l’Égypte, de l’Éthiopie ou encore de l’Érythrée ». Sans en donner le nombre précis, le patriarche d’Alexandrie a tenu à saluer, dès son arrivée sur le sol nippon, « l’ouverture de cette nouvelle Église » asiatique.
« Les patriarches non-catholiques ont une latitude beaucoup plus grande pour lancer des démarches, créer des diocèses ou des paroisses dans les diasporas », note Christian Cannuyer.
Ces déplacements posent la question de la nature du lien, parfois épineux, qui relie les représentants des Églises orientales avec les chrétiens de la diaspora.
Ils ont trouvé refuge pour trois ou cinq ans ou plus aux États-Unis, en Europe ou encore en Australie. L’émigration des chrétiens du Moyen-Orient, déjà ancienne, s’est encore accélérée ces dernières années en raison des violences qui ensanglantent la région.
Leur départ pousse les patriarches de leurs Églises à multiplier les voyages au chevet de ces diasporas, et à envisager une nouvelle manière d’accompagner leur Église en dehors de son berceau historique. D’autant que pour faciliter leur obtention d’un visa, nombre de leurs fidèles ont fait jouer le « regroupement familial » et ont donc rejoint des communautés installées de plus ou moins longue date sur plusieurs continents.
En septembre, le patriarche copte-orthodoxe Tawadros a inauguré une église au Japon, puis un monastère de religieuses en Australie. De son côté, le patriarche des chaldéens, Louis Raphaël Sako, s’est employé à resserrer les liens avec ses fidèles, désormais californiens, à San Diego (États-Unis).
« Ils ont d’une part le souci de les encourager à valoriser leur identité – sans créer de ghettos communautaires –, à garder une vie paroissiale centrée sur les traditions d’origine, mais aussi à entretenir des liens avec les communautés restées dans les terres mères », explique Christian Cannuyer, professeur à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lille, et directeur de l’association « Solidarité Orient »en Belgique.
« Au-delà, il y a bien sûr une volonté, chez les patriarches, d’inciter les chrétiens au retour, même si ceux qui le font sont rares et que plus l’exil se prolonge, plus cette volonté s’étiole ».A l’occasion d’un voyage « éclair » au Japon fin août, le pape copte-orthodoxe Tawadros II a inauguré, à Kyoto, une église pour « répondre aux besoins pastoraux du nombre croissant de croyants orthodoxes en provenance de l’Égypte, de l’Éthiopie ou encore de l’Érythrée ». Sans en donner le nombre précis, le patriarche d’Alexandrie a tenu à saluer, dès son arrivée sur le sol nippon, « l’ouverture de cette nouvelle Église » asiatique.
« Les patriarches non-catholiques ont une latitude beaucoup plus grande pour lancer des démarches, créer des diocèses ou des paroisses dans les diasporas », note Christian Cannuyer.
Le pape copte a
ensuite repris l’avion en direction de l’Australie, où il a notamment
inauguré à Melbourne un nouveau monastère – Al-Malak Michael Monastery – samedi 9 septembre, et un
gratte-ciel de 44 étages, la « Eporo Tower », co-financée par l’Église
copte-orthodoxe australienne. L’occasion, pour lui, de réaffirmer aux
120 000 fidèles de la troisième plus grande communauté copte au monde –
derrière l’Égypte et les États-Unis – « qu’il ne les oublie pas ».
Dans d’autres Églises orientales plus
menacées, les rapports entre le « centre » historique et la périphérie
sont parfois plus tendus.
Aux États-Unis, l’Irakien Louis Raphaël Sako, patriarche de Babylone des chaldéens, a été reçu, fin août, par plusieurs groupes de jeunes du diocèse de Saint-Pierre à San Diego. Une visite cruciale pour son Église durant laquelle il a réaffirmé la nécessité de « créer des ponts » avec la jeunesse irakienne.
« La possibilité d’une extinction, ou bien d’une réduction de la communauté chrétienne à une proportion vraiment restreinte en Irak, n’est plus de l’ordre de l’hypothèse angoissée, mais d’un avenir assez proche », rappelle Christian Cannuyer.
Le patriarche a multiplié, ces derniers mois, les appels - notamment à l’égard des fidèles originaires de Mossoul et des villes de la plaine de Ninive, libérées du joug djihadiste - « à reprendre rapidement leurs terres avant que d’autres ne s’en emparent » pour retrouver « leur identité et leur héritage ».
Avec Saint-Thomas-l’Apôtre à Détroit, Saint-Pierre-l’Apôtre à San Diego est l’un des plus importants diocèses chaldéens du pays : à eux deux, ils regroupent environ 170 000 fidèles répartis en quinze communautés. Leur solidarité avec leurs frères restés en Irak est une clé de l’avenir de l’Église chaldéenne.
Cette visite était également symbolique pour le patriarche. Le diocèse de San Diego a en effet été le théâtre, en 2014, d’une grave crise. Plusieurs de ses responsables avaient encouragé l’émigration de nombreux fidèles d’Irak, mais aussi de prêtres et de religieux, sans l’autorisation de leurs supérieurs. Catastrophé par ce qu’il considérait comme un mauvais signal à l’intention des fidèles, le patriarche Sako s’est engagé dans un bras de fer avec eux, menaçant de les suspendre de leur ministère s’ils ne rentraient pas en Irak.
La décision avait alors provoqué de fortes dissensions - nécessitant même, quelques mois plus tard, une intervention vaticane - avec l’évêque ayant accepté de les accueillir sur le sol américain et le reste de l’Église chaldéenne.
Dans l’Église catholique romaine, l’organisation de ces diasporas pose de nombreuses et nouvelles questions, et notamment celui des liens à créer ou à entretenir avec les diocèses latins locaux.« Le code des canons des Églises orientales, promulgué en 1990, limite fortement le pouvoir de juridiction des patriarches en dehors de leur territoire d’origine », souligne ce spécialiste.
Aux États-Unis, l’Irakien Louis Raphaël Sako, patriarche de Babylone des chaldéens, a été reçu, fin août, par plusieurs groupes de jeunes du diocèse de Saint-Pierre à San Diego. Une visite cruciale pour son Église durant laquelle il a réaffirmé la nécessité de « créer des ponts » avec la jeunesse irakienne.
« La possibilité d’une extinction, ou bien d’une réduction de la communauté chrétienne à une proportion vraiment restreinte en Irak, n’est plus de l’ordre de l’hypothèse angoissée, mais d’un avenir assez proche », rappelle Christian Cannuyer.
Le patriarche a multiplié, ces derniers mois, les appels - notamment à l’égard des fidèles originaires de Mossoul et des villes de la plaine de Ninive, libérées du joug djihadiste - « à reprendre rapidement leurs terres avant que d’autres ne s’en emparent » pour retrouver « leur identité et leur héritage ».
Avec Saint-Thomas-l’Apôtre à Détroit, Saint-Pierre-l’Apôtre à San Diego est l’un des plus importants diocèses chaldéens du pays : à eux deux, ils regroupent environ 170 000 fidèles répartis en quinze communautés. Leur solidarité avec leurs frères restés en Irak est une clé de l’avenir de l’Église chaldéenne.
Cette visite était également symbolique pour le patriarche. Le diocèse de San Diego a en effet été le théâtre, en 2014, d’une grave crise. Plusieurs de ses responsables avaient encouragé l’émigration de nombreux fidèles d’Irak, mais aussi de prêtres et de religieux, sans l’autorisation de leurs supérieurs. Catastrophé par ce qu’il considérait comme un mauvais signal à l’intention des fidèles, le patriarche Sako s’est engagé dans un bras de fer avec eux, menaçant de les suspendre de leur ministère s’ils ne rentraient pas en Irak.
La décision avait alors provoqué de fortes dissensions - nécessitant même, quelques mois plus tard, une intervention vaticane - avec l’évêque ayant accepté de les accueillir sur le sol américain et le reste de l’Église chaldéenne.
Dans l’Église catholique romaine, l’organisation de ces diasporas pose de nombreuses et nouvelles questions, et notamment celui des liens à créer ou à entretenir avec les diocèses latins locaux.« Le code des canons des Églises orientales, promulgué en 1990, limite fortement le pouvoir de juridiction des patriarches en dehors de leur territoire d’origine », souligne ce spécialiste.