By Baghdadhope
Source: IRIN
DAMAS, 29 octobre 2009 (IRIN) - Leila Johanna Isho, réfugiée irakienne, est déterminée à tout faire pour que cette année soit sa dernière année en Syrie. «La plus grande partie de ma famille est éparpillée en Europe, et j’ai un cousin au Canada, donc la destination nous est égale, mais nous devons partir, car ici, la vie devient trop difficile», a dit Mme Isho, assise avec ses trois enfants dans leur petit appartement d’une seule chambre, à Masakin Berzeh, un quartier populaire de Damas, la capitale syrienne. A l’heure où les économies arrivent à épuisement, où les revenus son dépassés par le rythme de l’inflation, où les conditions d’obtention des visas se font plus rudes, et où un retour à Bagdad est considéré comme trop risqué par la plupart des réfugiés, les familles irakiennes sont de plus en plus nombreuses à demander à quitter la Syrie ou d’autres pays du Moyen-Orient pour être réinstallées en Europe ou en Amérique du Nord. A Genève, au début du mois, Andrej Mahecic, porte-parole du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), a dit que depuis 2007, l’agence avait recommandé la réinstallation dans des pays tiers de 82 500 réfugiés irakiens du Moyen-Orient : 62 000 aux Etats-Unis, et le reste au Canada, en Australie, en Nouvelle Zélande, en Suède et dans plusieurs autres pays européens. Le gouvernement syrien indique qu’il a enregistré 1,1 million d’entrées d’Irakiens en Syrie depuis 2007, tandis qu’à la fin du mois de septembre, l’UNHCR à Damas en avait officiellement enregistré 215 429, dont 27 198 en 2009. Suite aux attentats du 25 octobre à Bagdad, qui ont fait au moins 155 morts – le bilan le plus lourd depuis deux ans – l’UNHCR se prépare à faire face à un nouveau mouvement de réfugiés, si la sécurité en Irak devait continuer à se détériorer. Les Irakiens ont été peu nombreux à participer au Programme de rapatriement volontaire des Nations Unies, lancé il y a un an. Moins de 300 familles réfugiées en Syrie sont rentrées en Irak dans le cadre de ce programme, alors que le nombre d’Irakiens demandant à être réinstallés dans un pays tiers a fortement augmenté.
Leila Johanna Isho a fui Bagdad pour Damas en novembre 2004, après avoir payé une rançon à des kidnappeurs pour faire libérer son mari Les chiffres de l’UNHCR à Damas montrent que du 1er janvier à début octobre, 28 500 dossiers de réfugiés irakiens vivant en Syrie ont été proposés pour une réinstallation. Depuis février 2007, l’agence onusienne a référé au total 34 015 dossiers de réinstallation, dont seulement 15 084, soit moins de la moitié, ont abouti à un départ pour une nouvelle vie. «La réinstallation n’est proposée qu’à un faible pourcentage des réfugiés – moins de 10 pour cent du nombre total [de demandes déposées] sont soumises, et sur ces 10 pour cent, un nombre encore plus faible sont acceptées», a dit Farah Dakhlallah, porte-parole de l’UNHCR à Damas. «Les critères concernent la vulnérabilité des réfugiés. Notre travail est d’évaluer qui a le plus besoin d’une réinstallation, puis de négocier avec les ambassades correspondantes. Cependant, les décisions finales relèvent des Etats d’accueil eux-mêmes», a-t-elle dit. Retour inenvisageable Leila Isho et son mari Bassam, des Irakiens chrétiens du district de Salhieh à Bagdad, ont fui la capitale irakienne en novembre 2004, après avoir payé une rançon à des kidnappeurs pour faire relâcher Bassam, qui avait travaillé comme domestique dans le palais de Saddam Hussein, l’ancien président. Bassam, qui ne trouvait pas de travail à Damas, est parti au Qatar l’année dernière, où il a trouvé un emploi dans un hôtel. Il envoie à sa famille la plus grande partie des 700 dollars qu’il gagne chaque mois. En raison de la hausse des prix immobiliers, Mme Isho et ses enfants ont déjà dû déménager deux fois, et s’attendent à devoir déménager à nouveau prochainement. La réduction des subventions sur les carburants en mai dernier a fait tripler le cours du pétrole en une nuit, accélérant une inflation déjà très élevée et conduisant ainsi à une hausse du coût de la vie, désormais au-delà des moyens de bon nombre des habitants les plus pauvres de Damas. Cependant, Mme Isho a exclu de retourner à Bagdad : «Nous n’avons pas l’intention de rentrer en Irak. Une autre famille vit dans notre maison, et nous avons entendu dire que tout a changé là-bas». L’UNHCR ne considère pas non plus que l’Irak soit suffisamment sûr pour permettre le retour des réfugiés.
A la fin du mois de septembre, l’UNHCR à Damas déclarait avoir officiellement enregistré 27 198 Irakiens en 2009. «Un grand nombre [de réfugiés], qui sont en contact avec leur famille et leurs amis vivant en Irak, ont été informés de la situation, et ont décidé que le niveau de sécurité n’était pas suffisant. L’UNHCR considère que la situation n’est pas assez stable pour permettre un retour d’un grand nombre de réfugiés irakiens dans des conditions dignes», a dit Mme Dakhlallah. Si les Etats-Unis ont accueilli la plus grande partie des réfugiés irakiens suite à une nouvelle politique il y a trois ans (plus de 30 000 Irakiens se sont installés au Etats-Unis dans le cadre d’un programme de réinstallation lancé en 2007), les autres pays n’ont apporté qu’une assistance modeste: le Canada a accueilli 1 890 réfugiés irakiens, l’Australie 1 757, et la Suède 1 180, d’après M. Mahecic. En mars, des réfugiés irakiens, appartenant pour la plupart à des minorités persécutées, ont été les premiers à se rendre en Allemagne, dans le cadre d’un plan de réinstallation de 2 000 Irakiens réfugiés en Syrie et 500 en Jordanie, d’après L’UNHCR.