By Paris Match, 23/04/2011
Depuis 12 jours, ce reportage à la rencontre des chrétiens d’Irak a mis sur mon chemin de nombreux jeunes, tous plus ou moins victimes de la persécution qui sévit aujourd’hui dan ce pays à l’encontre de la communauté chrétienne. Lettres ou SMS de menaces, coups et insultes, assassinats et attentats, ont poussé bon nombre d’entres eux à tout quitter pour s’installer au Kurdistan ou à l’étranger, abandonnant études et amis.
Une menacepermanente qui force à fuir
Parmi la jeunesse chrétienne d’Irak, la plus touchée est sans doute celle de Qaraqosh. Le 21 Juin 2010, comme tous les jours, 18 bus quittent Qaraqosh pour Mossoul, à 25 kilomètres. C’est dans cette grande ville, l’une des plus dangereuses d’Irak, que se trouve l’université de ces étudiants chrétiens. Et, sur le chemin, une bombe va exploser, faisant 188 blessés et deux morts. En plus du choc physique et émotionnel qu'ont subi ces étudiants, cet attentat a instantanément brisé les ambitions de nombreux d’entres eux: «Maintenant, je n’ose plus aller à l’université», me disait il y a une semaine Salaam, gravement blessé au visage lors de l’attentat ,«je reste chez moi, sur mon ordinateur, je me lève à midi. Tous mes rêves ont été brisés en une seconde.»
D’autres, en dernière année d’études, ont fait le choix de se rendre tous les jours à Mossoul, au péril de leur vie. «Dans le bus, tous les jours, je prie, et j’ai peur», me confiait Behnam, jeune séminariste. Son nez cassé et ses cicatrices au ventre rappellent la violence de l’attentat.
A une centaine de kilomètres au nord, dans le petit village de Araden (une soixantaine de maisons), des jeunes tournent en rond sur la place du village. «Nous sommes venus de Bagdad il y a 3 ans avec ma famille, mais je ne me suis toujours pas habituée à la vie de village» se plaint Alina, 17 ans. Sa sœur Victoria, de trois ans son aînée, appuie ses propos : «Bagdad, c’était une grande ville, nous pouvions faire du shopping, aller à l’université, voir des amis. Maintenant, ce n’est plus possible. Je reste à la maison toute la journée, je n’ai pas de travail et je ne suis pas mariée». Ces jeunes sont victimes d’un fanatisme religieux qui vise à chasser la communauté chrétienne hors d’Irak. En brisant les espoirs et les rêves de ces jeunes et en imposant le régime de la terreur, les terroristes sont en passe de réussir leur «mission».
Parmi la jeunesse chrétienne d’Irak, la plus touchée est sans doute celle de Qaraqosh. Le 21 Juin 2010, comme tous les jours, 18 bus quittent Qaraqosh pour Mossoul, à 25 kilomètres. C’est dans cette grande ville, l’une des plus dangereuses d’Irak, que se trouve l’université de ces étudiants chrétiens. Et, sur le chemin, une bombe va exploser, faisant 188 blessés et deux morts. En plus du choc physique et émotionnel qu'ont subi ces étudiants, cet attentat a instantanément brisé les ambitions de nombreux d’entres eux: «Maintenant, je n’ose plus aller à l’université», me disait il y a une semaine Salaam, gravement blessé au visage lors de l’attentat ,«je reste chez moi, sur mon ordinateur, je me lève à midi. Tous mes rêves ont été brisés en une seconde.»
D’autres, en dernière année d’études, ont fait le choix de se rendre tous les jours à Mossoul, au péril de leur vie. «Dans le bus, tous les jours, je prie, et j’ai peur», me confiait Behnam, jeune séminariste. Son nez cassé et ses cicatrices au ventre rappellent la violence de l’attentat.
A une centaine de kilomètres au nord, dans le petit village de Araden (une soixantaine de maisons), des jeunes tournent en rond sur la place du village. «Nous sommes venus de Bagdad il y a 3 ans avec ma famille, mais je ne me suis toujours pas habituée à la vie de village» se plaint Alina, 17 ans. Sa sœur Victoria, de trois ans son aînée, appuie ses propos : «Bagdad, c’était une grande ville, nous pouvions faire du shopping, aller à l’université, voir des amis. Maintenant, ce n’est plus possible. Je reste à la maison toute la journée, je n’ai pas de travail et je ne suis pas mariée». Ces jeunes sont victimes d’un fanatisme religieux qui vise à chasser la communauté chrétienne hors d’Irak. En brisant les espoirs et les rêves de ces jeunes et en imposant le régime de la terreur, les terroristes sont en passe de réussir leur «mission».
Al-Qosh, deux orphelinatspour des enfants chrétiens
Les tous petits sont également victimes de cette véritable épuration religieuse. Assis sagement sur des chaises en plastique devant le poste de télévision les enfants de l’orphelinat de Al-Qosh attendent l’heure du déjeuner. Abrité par le monastère de la Vierge Marie, l’orphelinat existe depuis 1948 et accueille 24 enfants de 5 à 17 ans, tous chrétiens. C’est le seul orphelinat pour garçons chrétiens dans tout l’Irak.
Le plus petit, Joseph, a 5 ans. Timide, il n’ose pas me regarder. Le père John, l’un des responsables de l’orphelinat, m’explique que le père de Joseph est alcoolique et que sa mère est schizophrène: «Certains, dans l’orphelinat, ont encore des parents mais une situation familiale catastrophique. C’est un soulagement pour les familles de savoir que leurs enfants sont ici.» Tous, cependant,n’ont pas la chance d’avoir encore des parents. Deux frères de 8 et 11 ans ont récemment intégré l’orphelinat. Leur père a été assassiné à Mossoul car il était chrétien. Leur mère en est morte un mois plus tard. Quand ces enfants ne sont pas devant la télé, ils sont en cours ou s’amusent sur le terrain de foot situé à quelques mètres du monastère. Des groupes de passages (pèlerins, touristes irakiens) viennent de temps en temps égayer leurs journées, mais rien ne vaut le jour de Noël lorsque les filles de l’orphelinat Sainte-Anne les rejoignent le temps d’une après-midi. Situé à quelques centaines de mètres, cet orphelinat accueille 24 jeunes filles dont les histoires familiales sont similaires à celles de ces jeunes garçons.
Les tous petits sont également victimes de cette véritable épuration religieuse. Assis sagement sur des chaises en plastique devant le poste de télévision les enfants de l’orphelinat de Al-Qosh attendent l’heure du déjeuner. Abrité par le monastère de la Vierge Marie, l’orphelinat existe depuis 1948 et accueille 24 enfants de 5 à 17 ans, tous chrétiens. C’est le seul orphelinat pour garçons chrétiens dans tout l’Irak.
Le plus petit, Joseph, a 5 ans. Timide, il n’ose pas me regarder. Le père John, l’un des responsables de l’orphelinat, m’explique que le père de Joseph est alcoolique et que sa mère est schizophrène: «Certains, dans l’orphelinat, ont encore des parents mais une situation familiale catastrophique. C’est un soulagement pour les familles de savoir que leurs enfants sont ici.» Tous, cependant,n’ont pas la chance d’avoir encore des parents. Deux frères de 8 et 11 ans ont récemment intégré l’orphelinat. Leur père a été assassiné à Mossoul car il était chrétien. Leur mère en est morte un mois plus tard. Quand ces enfants ne sont pas devant la télé, ils sont en cours ou s’amusent sur le terrain de foot situé à quelques mètres du monastère. Des groupes de passages (pèlerins, touristes irakiens) viennent de temps en temps égayer leurs journées, mais rien ne vaut le jour de Noël lorsque les filles de l’orphelinat Sainte-Anne les rejoignent le temps d’une après-midi. Situé à quelques centaines de mètres, cet orphelinat accueille 24 jeunes filles dont les histoires familiales sont similaires à celles de ces jeunes garçons.
La vie ordinaire d’un jeune chrétien irakien
Eder, un jeune Irakien de 28 ans parlant parfaitement anglais, a souhaité m’accompagner durant mes deux jours passés à Al-Qosh. Il a rejoint cette petite ville en 2005: «Nous habitions à Mossoul avec toute ma famille (9 enfants) jusqu’au jour où mon père a été pris en otage. Les ravisseurs ont demandé une rançon de 20 000 dollars. Grâce à nos proches, nous avons pu réunir cette somme en 24h. Nous avons quitté la ville le lendemain.» Aujourd’hui, il habite encore chez ses parents.
Sa petite chambre qui surplombe la ville, la télé allumée diffuse un film d’horreur. Je lui demande s’il aime ce genre de film «oui, mais seulement les films d’exorcisme, le sang et la violence ne me font pas peur» m’explique-t-il avant d’ajouter «quand j’étais à Mossoul, un de mes bons amis a été kidnappé. Quelques jours plus tard, sur le marché, j’ai vu un homme vendant des DVD, il criait : “The killing of Remon, The killing of Remon !” La vidéo durait 40 minutes et, à la fin, mon ami était égorgé.» Quelques temps plus tard, son meilleur ami mourrait devant lui, d’une balle dans la tête. Aujourd’hui, Eder a terminé ses études. Il a un très bon niveau en informatique mais le petit village d’Al-Qosh ne lui offre aucune opportunité d’emploi: «Je pourrais travailler dans une grande entreprise avec mon diplôme mais, ici, je ne peux qu’effectuer des réparations chez des amis et des voisins. Pas de quoi gagner ma vie…»
Le soir venu, il me propose de sortir. Il n’y a pas de bars à Al-Qosh mais Eder a ses habitudes. Il prend sa kalachnikov, des cartouches et des bières puis rejoint ses amis dans la montagne. Ensemble, ils tireront quelques balles et referont le monde. Rien d’extraordinaire. Seulement la simple vie de jeunes que le fanatisme religieux a bouleversée. Seule pointe de réconfort pour Eder et sa famille, demain, ils fêteront Pâques, une fête qui dans ces temps difficiles, revêt toute son importance.
Eder, un jeune Irakien de 28 ans parlant parfaitement anglais, a souhaité m’accompagner durant mes deux jours passés à Al-Qosh. Il a rejoint cette petite ville en 2005: «Nous habitions à Mossoul avec toute ma famille (9 enfants) jusqu’au jour où mon père a été pris en otage. Les ravisseurs ont demandé une rançon de 20 000 dollars. Grâce à nos proches, nous avons pu réunir cette somme en 24h. Nous avons quitté la ville le lendemain.» Aujourd’hui, il habite encore chez ses parents.
Sa petite chambre qui surplombe la ville, la télé allumée diffuse un film d’horreur. Je lui demande s’il aime ce genre de film «oui, mais seulement les films d’exorcisme, le sang et la violence ne me font pas peur» m’explique-t-il avant d’ajouter «quand j’étais à Mossoul, un de mes bons amis a été kidnappé. Quelques jours plus tard, sur le marché, j’ai vu un homme vendant des DVD, il criait : “The killing of Remon, The killing of Remon !” La vidéo durait 40 minutes et, à la fin, mon ami était égorgé.» Quelques temps plus tard, son meilleur ami mourrait devant lui, d’une balle dans la tête. Aujourd’hui, Eder a terminé ses études. Il a un très bon niveau en informatique mais le petit village d’Al-Qosh ne lui offre aucune opportunité d’emploi: «Je pourrais travailler dans une grande entreprise avec mon diplôme mais, ici, je ne peux qu’effectuer des réparations chez des amis et des voisins. Pas de quoi gagner ma vie…»
Le soir venu, il me propose de sortir. Il n’y a pas de bars à Al-Qosh mais Eder a ses habitudes. Il prend sa kalachnikov, des cartouches et des bières puis rejoint ses amis dans la montagne. Ensemble, ils tireront quelques balles et referont le monde. Rien d’extraordinaire. Seulement la simple vie de jeunes que le fanatisme religieux a bouleversée. Seule pointe de réconfort pour Eder et sa famille, demain, ils fêteront Pâques, une fête qui dans ces temps difficiles, revêt toute son importance.