By La Voix du Nord
by Benoit Deseure
by Benoit Deseure
Il a connu trois guerres, un dictateur nommé Saddam Hussein, a été  enlevé par un groupe islamiste armé en 2005... Mgr  Georges Casmoussa,  archevêque de Mossoul jusqu'à il y a quelques mois, fait partie des  figures hors du commun de ce que l'on appelle les «  chrétiens  d'Orient ».
 « J'ai connu des  périodes noires », glisse-t-il sans s'attarder. On veut bien le croire :  ses ravisseurs ne lui ont-ils pas mis un couteau sous la gorge, lui  demandant son dernier message, lors de sa captivité ? « J'offre le  sacrifice de ma vie pour la paix en Irak  », répond-il alors. C'était en  janvier 2005 et l'archevêque de Mossoul a finalement eu la vie sauve.
  Mais l'enfant de Qaradosh, au nord de l'Irak, sait qu'il ne reste plus  dans son pays que 400 000 des 900 000 chrétiens qui habitaient l'Irak  avant l'invasion américaine de 2003. Qu'un évêque, des prêtres ont été  assassinés, des églises bombardées. « Je ne regretterai jamais Saddam  Hussein, mais l'Occident nous a débarrassés d'un dictateur pour le  remplacer par des dizaines d'autres qui agissent comme lui, sinon de  façon pire, qui ne défendent que leurs intérêts personnels ou tribaux »,  assène-t-il.
 Né en 1938, ordonné prêtre en 1962, nommé  archevêque de Mossoul en 1999, Georges Casmoussa vient de publier un  ouvrage intitulé Jusqu'au bout . Il sera dans la région lundi pour une  rencontre, discrète, avec Mgr Laurent Ulrich, l'archevêque de Lille,  puis avec les autorités de l'Université catholique. Mais aussi et  surtout pour tenir une conférence sur le thème « Chrétiens d'Orient, un  vivre ensemble islamo-chrétien est-il possible ? », en soirée, à  Marcq-en-Baroeul.
 « L'arrivée des Américains a généré un courant  islamiste qui s'est intensifié depuis. Cependant, si ce courant se  réclamait ou se réclame encore de l'islam, je suis convaincu que l'islam  n'est souvent qu'un alibi pour ces groupes avant tout opportunistes et  mafieux ».
 Lui qui dit se sentir plus proche de son « frère arabe  ou kurde musulman » que de son « frère chrétien occidental », croit en  un « vivre ensemble » paisible : « On voit grossir un courant  d'intellectuels musulmans, des citoyens lettrés qui défendent une  citoyenneté commune, un partage des pouvoirs, une égalité de chances  entre les communautés et les sexes. 
 Il faut croire que, malgré  tout ce qui se passe de dramatique, chrétiens et musulmans vivront  encore ensemble, demain, sur cette terre d'Irak  », assure ce fils d'une  famille de modestes paysans, formé par les dominicains. L'espérance au  coeur, coûte que coûte.   
« Jusqu'au  bout », de Mgr Georges Casmoussa, éditions Nouvelle Cité, 20 euros.
Conférence lundi à 20 h 30 à l'église Saint-Paul, boulevard  Clemenceau à Marcq-en-Baroeul.
 
