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29 novembre 2018

Raï en Irak : Plus que jamais auparavant l’Orient a besoin d’une présence chrétienne

By L'Orient le Jour
Fadi Noun

« Fonder des familles, résister à la tentation du départ, compter sur la présence de Dieu dans l’histoire, décider d’être des témoins du Christ. » C’est un appel passionné à ne pas déserter l’Orient et à faire preuve de force d’âme et de créativité que le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a lancé mardi soir à un groupe important de jeunes Irakiens, au cours d’une veillée de prière organisée en la cathédrale chaldéenne Saint-Joseph, à Bagdad, à l’occasion de la 26e réunion de la Rencontre des patriarches catholiques d’Orient (26-30 novembre), une rencontre dédiée aux jeunes, « signe d’espérance au Proche-Orient ».
Organisée au Vatican dans le sillage du synode des évêques d’octobre dernier sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations », la réunion des patriarches a débuté lundi 26 novembre par une messe célébrée par le patriarche d’Antioche des Syriens, Ignace Youssef III Younan, en la cathédrale syro-catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, théâtre de l’attentat terroriste meurtrier du 31 octobre 2010.
Le fait que la rencontre se tienne à Bagdad reflète les inlassables efforts déployés par le patriarche des chaldéens, Louis Raphaël Sako, pour rassembler son troupeau dispersé, lui insuffler un nouvel espoir et le ramener en terre d’Irak. Parmi les autres participants de la rencontre figurent le patriarche d’Alexandrie des coptes Ibrahim Isaac Sidrak, le patriarche d’Antioche des grecs-melkites Youssef Absi, le patriarche de Cilicie des arméniens Krikor Bedros XX Ghabroyan, Mgr William Shomali, représentant le patriarcat latin de Jérusalem, et Mme Souraya Becheelany, secrétaire générale du Conseil des Églises du Proche-Orient.
Les différents moments de la rencontre des patriarches ont été décrits comme étant « cordiaux, francs et courageux » par le patriarche Sako, dans un message parvenu à L’Orient-Le Jour en soirée. Elle donnera lieu, vendredi, à la publication d’un communiqué sur la situation des communautés chrétiennes au Proche-Orient.


Fonder des familles malgré tout

« Plus que jamais, l’Orient a besoin d’une présence chrétienne, pour porter à ce monde les valeurs de l’Évangile, a affirmé le patriarche Raï, s’adressant aux jeunes massés dans la cathédrale Saint-Joseph des chaldéens. Les difficultés que nous rencontrons ne justifient pas que nous quittions notre terre. Notre histoire, notre civilisation et notre culture sont plus grandes que cela (...), et ceci implique que nous sachions avec nos pasteurs et nos institutions, grâce aussi à votre créativité, renouveler notre enracinement et fonder des familles chrétiennes. »
Dans un Irak de plus de 30 millions d’habitants, vivaient 1,3 million de chrétiens au début du siècle, estime-t-on. Aujourd’hui, ils ne seraient plus que 250 000.
« La situation va certainement changer et le changement vient », a enchaîné le patriarche maronite, ajoutant que « le sang des martyrs et les larmes des innocents ne sauraient être versés en vain ; ils porteront certainement des fruits de vie nouvelle dans l’État et la société. Nous ne savons pas comment Dieu intervient dans nos vies, mais nous savons qu’il est le compagnon de route toujours présent, qui nous aide à faire le chemin en dépit de tous les obstacles. » Au nombre des changements auxquels fait allusion le patriarche figure l’élection d’un nouveau président en Irak, Barham Saleh, et l’ouverture dont il vient de faire preuve en direction du Vatican, où il a été reçu par le pape François samedi dernier.
Dans un communiqué publié à l’issue de cette visite, le souverain pontife et le président Saleh avaient insisté « sur la présence historique des chrétiens (en Irak), dont ils font partie intégrante, et la contribution significative qu’ils apportent à la reconstruction du tissu social ».
L’un des moments forts de la journée de mercredi a été l’audience accordée au Conseil des patriarches catholiques par le chef de l’État irakien. Les prélats en ont profité pour le féliciter après son élection, insistant sur le « vent d’espérance » que celle-ci, avec la formation d’un nouveau gouvernement et la visite au Vatican, ont fait souffler sur les chrétiens d’Irak, qui veulent croire à la possibilité d’un retour à la paix et à la stabilité dans leur pays.
Le président Saleh a informé ses visiteurs qu’il avait adressé une invitation officielle au pape à visiter l’Irak et à se rendre en Ur, patrie d’origine d’Abraham, un rêve que le pape Jean-Paul II n’avait pu réaliser.