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14 luglio 2017

Le patriarche Sako appelle les chrétiens de Mossoul à « reprendre leurs terres »

By La Croix
12 Juillet 2017
Malo Tresca

Quelques jours après la reprise de Mossoul par les forces irakiennes, dimanche 9 juillet, le patriarche de Babylone des Chaldéens a enjoint, dans un message envoyé mercredi 12 juillet à La Croix, les chrétiens de la ville « de revenir au plus vite ».
Surmonter cet épisode « catastrophique, douloureux, tragique ».
Dans un message envoyé mercredi 12 juillet à La Croix, Mgr Louis Raphaël Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens, a vigoureusement appelé les chrétiens originaires de Mossoul et des villes de la plaine de Ninive, récemment libérées du joug djihadiste par l’armée irakienne, « à reprendre rapidement leurs terres avant que d’autres ne s’en emparent ».
Tout en concédant « qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire, pour éliminer complètement Daech de la région, pour reconstruire tout ce qui a été détruit et pour revenir à un climat de paix, de sécurité et de stabilité », il a exhorté les fidèles de la région « à ne pas perdre de temps à attendre » pour retrouver « la terre de leurs parents et de leurs grands-parents, leur identité, leur héritage ».

Réaffirmer la présence des chrétiens

« Nous devrions toujours garder en tête le fait que nous sommes considérés comme le peuple “indigène” de ce pays, de sa civilisation ancienne, et que notre histoire s’inscrit dans le sillage de la plus vieille Église chrétienne au monde », rappelle encore le patriarche Sako, en invitant les chrétiens à « renouer avec leur engagement éthique et moral, à confirmer [sur le terrain] leur présence, et à réclamer des compensations pour les pertes qu’ils ont subies ».
À ce stade, personne ne sait encore si les chrétiens de Mossoul vont amorcer dans les jours, semaines, ou mois à venir un premier mouvement de retour. « Leur traumatisme a été grand, beaucoup craignent toujours la présence de cellules djihadistes dormantes dans la ville », expliquait, lundi 10 juillet, dans un entretien à La Croix Faraj Benoît Camurat, président de l’association Fraternité en Irak, avant de poursuivre : « Personne ne sait si ces familles pourront reprendre leurs terres ou maisons, dont ils ont été expropriés. »

D’immenses chantiers à « Mossoul-Ouest »

Dans les quartiers Est de Mossoul, la vie a déjà repris depuis longtemps. La plupart des maisons n’ont pas été touchées par les frappes ciblées, les commerces et les restaurants sont ouverts. Mais les chantiers qui attendent la partie ouest de Mossoul – avant que celle-ci redevienne décemment habitable – sont en revanche immenses.
Outre la présence de mines et d’engins explosifs gangrenant le sol, et qui nécessitera de vastes opérations de déminage, la grande majorité des infrastructures de première nécessité – permettant d’accéder aux soins, à l’eau, à l’électricité… – sont à reconstruire. Un effort auquel devront participer les chrétiens
« pour faciliter le retour des réfugiés dans leurs maisons », estime le patriarche Sako, en guise de premier point des trois « exigences » prioritaires qu’il dresse dans son message. 
« Faire entendre la voix des chrétiens »
Malgré « le déclin récent de leur nombre », Mgr Sako appelle aussi les chrétiens à prendre part à la vie politique irakienne, en « formant un petit groupe de sept à dix personnes sages, capables d’être, au côté de politiciens loyaux, les porte-parole des chrétiens, et qui pourraient communiquer (…) à l’échelle nationale et internationale ». Ce, en renonçant « à leur intérêt personnel », et en prônant « la solidarité, la coopération » au côté de représentants musulmans et d’autres communautés.
Dernière requête, Mgr Sako appelle à l’ouverture, dans la région de Ninive, « d’un bureau central des médias (…), qui ferait entendre la voix des chrétiens, en pointant leurs souffrances et leurs aspirations, pour les aider à surmonter leurs difficultés actuelles et à transformer leurs différences en une unité constructive ». Avant, enfin, de demander à Dieu de protéger tous les Irakiens, et d’aider les différentes communautés du pays à reconstruire ensemble « un meilleur futur », « fondé sur leur expérience passée et historique de coexistence » pacifique.